Le moment où après que ça a été dur,
ça devient beau,
mais t'es quand même un peu triste
Le moment où tu es calme,
que tu sais que tu sais pourquoi,
mais que dans le fond tu sens que tu ne le sais pas
Le moment où tout est tout,
que t'es partout,
que tout en toi est sans tabou
Le moment d'insouciance
où tu prends la vie comme une danse,
tout ça n'a pas tant d'importance,
c'est l'éloquence des évidences
Le moment effrayant
où tu sens que ça dérape,
que des enfers le roi Satan
vient de soulever la trappe
Le moment où c'est chaud,
où le sang bout sous ta peau,
t'as peur d'y laisser un morceau
de ce que tu fus marmot
Le moment tellement noir
que tu te drapes d'obscurité
plus qu'en toi que tu peux voir,
c'est le moment de vérité
Le moment abominable
où tu r'deviens l'ado minable,
aux haines de soi abdominales,
comme idéal, Abou Nidal
Le moment où tu as une main sur la bouche
qui t'étouffe
une autre main sur la gorge, qui t'étrangle,
que tu as peur,
que la peur, c'est le souffle,
mais que tu n'peux plus respirer
Le moment où l'instinct animal,
en un instant, devient vital
vie en suspens, le temps qui cale
Le moment où la sagesse t'embrasse,
que la caresse t'embrase,
que la bassesse te lasse
Le moment des perspectives pyramidales
où le palais des amygdales
abrite la pierre philosophale